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Douar al kora, une décennie pour résorber le bidonville le plus dense de Rabat et réconcilier la ville avec sa façade maritime

Douar al kora, une décennie pour résorber le bidonville le plus dense de Rabat et réconcilier la ville avec sa façade maritime

« Le mur de la honte en cours de démolition », ce n’est le titre ni d'un film ni d’un livre, mais c’est l’histoire d’un douar qui a longtemps pris racine dans le paysage urbain de la capitale administrative.

En empruntant la route coutière de Rabat en venant de Salé, et à la hauteur du marché de gros, un mur se dresse sur une centaine de mètres comme un voile séparant le bidonville de la façade maritime.

Si dans le temps l’une des pratiques des gestionnaires de la ville est l’encerclement des bidonvilles par des murs pour éviter leur étalement urbain mais aussi pour camoufler une réalité urbaine, convient-il toutefois, de souligner que les habitants de ces mêmes bidonvilles ont innové en construisant à la verticale. Le bidonville douar el kora n’a pas échappé à cette « règle urbanistique » qui n’est écrite nulle part.

Les quelques tentatives du département de l’habitat et de son levier l’ex-ERAC Nord-Ouest dans les années 1990 pour reloger les habitants du douar el kora, se sont soldées par des échecs et se sont limitées sur un simple recensement des ménages, soit 1850.

Pour cela, il faut attendre 2002 pour que l’opération de la résorption du bidonville soit prise au plus haut niveau de l’Etat.

Ainsi, la société du développement Al Kora, filiale de la CDG, fut créée en 2002 pour mener à bien la résorption et le relogement de plus de 2200 ménages selon un recensement effectué en 2002.

Pris en charge par la Société de développement qui porte le même le nom, douar Al Kora représente en lui-même une équation à plusieurs dimensions ou s’interfèrent :

  • Le social : reloger in situ les ménages recensés, d’où l’intérêt d’un outil incontournable pour la réussite du programme, en l’occurrence l’accompagnement social ;
  • L’économique : prévoir des commerces pour cette même population, étant donné que la majorité pratique des activités commerciales formelles et informelles dans un rayon limitrophe du douar ;
  • Le financier : assurer un équilibre financier à l’opération de relogement appelle à une péréquation, d’ou l’idée de la réservation du front bâti à un résidentiel moyen standing jumelé à une activité commerciale au rez de chaussée.
  • Le foncier : reloger plus de 2200 ménages suppose une injection des équipements socioculturels, d’où la contrainte qui s’exerce sur la donnée foncière qui est de 11ha.
  • La synergie : la société al kora (maîtrise d’ouvrage technique), l’ADS (maitrise d’ouvrage sociale et appui aux associations de quartiers) et les acteurs institutionnels locaux.

Exercice réussi, nonobstant qu’il a pris une douzaine d’années pour sa concrétisation, et qui s’achèvera d’ici mi-2016. Pour dire, qu’aujourd’hui, le portage politique, le suivi et le travail dans le cadre d’une intelligence collective sont un gage de réussite pour l’éradication des bidonvilles au Maroc.

Il est temps de rompre avec des pratiques de médiatisation à grande pompe des programmes de résorption d’habitat insalubre. En effet, lors de son lancement en 2004, le Programme Villes Sans Bidonvilles, communément connu sous l’acronyme VSB, a retenu des échéances, le moins que l’on puisse dire qu’elles étaient hors portée, voire même irréalistes pour l’éradication des bidonvilles : Casablanca, VSB à l’horizon 2012, Temara VSB à l’horizon 2008, Rabat, VSB à l’horizon 2010, Marrakech, VSB à l’horizon 2009.

A elles seules, ces grandes agglomérations urbaines concentrent l’essentiel des bidonvilles et par voie de conséquence, du poids démographique des « bidonvillois », et pourtant, elles sont encore à la recherche de ce label auquel ont y accédé plus de 40 petites et moyennes villes.

Le broyage des chiffres, tel est le sport favori des décideurs du secteur de l’habitat à l’époque. Importe peu le poids qualitatif de l’output. C’est ce qu’a appelé Si Mohamed El Malti, allah yarhmou -ancien Directeur de l’urbanisme- dans l'une de ses contributions « le vertige des chiffres : réalités ou fuite en avant ».

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C
Bonjour, <br /> Instructif, hélas tout ne se fait pas en un jour et c'est un processus bien long, il faut l'admettre, seulement si l'on veut, on peut en y ajoutant les moyens pour cela.<br /> Bonne fin de semaine<br /> @ plus
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M
Bonjour<br /> Si l'on veut on peut ça résume tout.<br /> Bien à vous
M
Bonjour<br /> Si l'on veut on peut ça résume tout.<br /> Bien à vous