7 Octobre 2015
Tenu les 6 et 7 octobre 2015 à Rabat sous le thème « Quels défis pour une transition durable », le sommet international des villes intelligentes en Afrique du Nord a été une occasion de débat et d’échanges « pour partager des bonnes pratiques en vue d’améliorer la gestion des villes » souligne le Ministre de l’habitat et de la politique de la ville.
Organisé par la SCI-NA, en partenariat avec le Ministère de l’habitat et de la politique de la ville, ce sommet doit être, à notre humble avis, par son contenu et sa portée, plus qu’une occasion de débat, il doit interpeller les politiques publiques urbaines.
Cette contribution a pour vocation de s’arrêter sur le concept smart cities et les pré-requis d’une ville intelligente, en abordant la question à partir des clés d’entrée ci-après : A quels champs de la pensée urbaine renvoie-t-il le concept de smart cities ou villes intelligentes ? Quels sont les pré-requis pour une intégration des services smart dans le management des villes ?
D’emblée, il importe de souligner que le paradigme de Smart cities a fait son apparition dans la littérature urbaine avec l’essor qu’ont pris les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Lesquelles TIC sont devenues de nos jours l’outil incontournable de la vie urbaine et sociale.
Smart cities, un concept multidimensionnel,
Concept encore flou, smart cities désigne le degré d’intégration des outils numériques dans l’amélioration des services urbains et des infrastructures d’une ville. Aussi, le concept renseigne-t-il sur le niveau de l’éducation de la population. Une ville intelligente, renvoie automatiquement à un système éducatif de qualité, qui permet à la population d’interagir et d’interpeller les gestionnaires de la ville (élus et techniciens) pour une construction partagée des politiques publiques.
Sur d’autres registres de la littérature de la ville, le concept de stmart cities peut être appréhendé à partir du système de gouvernance urbaine. Une ville est dite smart, quand son système urbain est bâti sur des services numériques dont l’objectif premier est de rendre la vie facile aux citoyens et administrés (e-gouvernance), mais aussi, en faisant de la démocratie participative une pratique courante dans le management urbain (e-démocratie).
Il est indéniable que l’implémentation des nouvelles technologies dans la gestion des villes est d’un grand apport pour relever les défis sociaux, économiques et urbains. En effet, dans un contexte d’urbanisation soutenue, -60% de la population marocaine vit en milieu urbain selon le RGPH de 2014- les villes seront, dans l’avenir, à la merci d’énormes défis d’ordres social, économique, environnemental, et manageriel.
Cette situation invite les gestionnaires de la ville, à la mise en place de stratégies capables à même de mettre en place un cadre conceptuel et méthodologique pour l’intégration et l’implémentation des outils numériques pour accroitre l’efficience des services urbains.
Sur le plan opérationnel, cette implémentation peut prendre plusieurs formes allant d’une simple installation du wifi dans une place publique, du retrait d’un document administratif -expérience watiqa.ma- à l’élaboration de plateformes de facilitation et d’instruction des dossiers et autorisations de construire, de commerces, la lecture à distance d’un compteur de réseau électrique/eau, le paiement électronique des taxes municipales, etc.
Delà, l’approche smart est une clé d’entrée pour l’instauration d’une relation de confiance entre l’administration et les administrés, entre la ville et ses habitants. Une ville n’est jamais intelligente d’elle-même, elle l’est par ses habitants, ses gestionnaires, ses acteurs socio-économiques.
Si le futur est à un click pour les pays développés ou le système urbain est prédisposé sur les plans de la gouvernance, de l’économie, de l’innovation et de l’éducation pour intégrer le smart modèle, en revanche, le chemin des smart cities dans le contexte nord-africain invite à des mises à niveau sur les plans manageriel (formation et appropriation), sociétal (éducation), entrepreneurial (entreprises innovantes) et politique (élus porteurs du smart modèle).
Mostafa KHEIREDDINE
Urbaniste, chercheur sciences de la ville
